Il pleuvait, le vent soufflait fort, les vagues déferlaient.
Pourtant habitué au climat, sous rude, du Finistère en hiver, je n'avais que rarement vu de telles conditions météorologiques.

« C'était le moment idéal, quoique un peu dangereux, pour sortir prendre quelques clichés d'une mer déchaînée. »

C’était un milieu d’après-midi, le vent soufflait fort depuis la nuit dernière. Des bourrasques glaciales à plus de quatre-vingt-dix kilomètres par heure dans les terres, rajoutez vingt à trente kilomètres par heure sur la côte et même plus en pleine mer.
Le ciel est gris, la mer aussi.
Je ne savais même pas d’où venait l’eau qui renforçait ce froid. Certainement des embruns mêlés à la pluie.

La visibilité considérablement réduite, les embarcations restent clouées dans la petite anse du Dellec et s’animent au rythme des vagues incessantes.
La mer est bien formée, pourtant nous sommes encore dans la rade de Brest, enfin le goulet pour être plus précis.
Je n’imagine pas la situation en pleine mer. Des creux de sept à dix mètres, parfois plus, sont annoncés dans le rail d’Ouessant, d’après la météo marine.

Je suivais un petit sentier côtier habituellement très fréquenté par les randonneurs. Cette journée, il était désert.
Nous n'étions qu'une poignée de curieux — et inconscients ? — à braver pluie, vent et embruns, pour tenter d’obtenir quelques images, par un temps dont nous avions bien l’habitude dans la pointe nord du Finistère mais qui ce jour-là, surpassa les autres.

Le vent se renforce encore, la tempête durçit. La visibilité ne cesse de baisser.
Les cornes de brume sont en action, elles donnent l'information aux navires tel le faisceau lumineux d'un phare.
Le danger est bien présent pour les embarcations dans la rade et le goulet mais il est nettement amplifié pour les navires qui se trouvent au large et le trafic dans le rail d'Ouessant qui est un dispositif de séparation du tafic (souvent abrégé DST) particulièrement fréquenté. Il s'agit même d'une des routes maritimes les plus empruntées au monde.

Le Centre Régionnal Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage (CROSS) de la pointe de Corsen — situé sur la commune littorale de Plouarzel — est chargé de veiller à la sécurité de toute embarcation navigant dans sa zone. Il a donc aussi la charge de surveiller le rail d'Ouessant

Dans ce bâtiment, la veille est constante, peu importe le jour ou l'heure.
Le canal 16 de la VHF — utilisant la fréquence internationale de détresse 156,800 MHz — est en écoute permanante afin de pouvoir réagir rapidement si un navire était amené à se trouver dans une situation périeulleuse.
C'est aussi via ce canal radio que le personnel du CROSS annonce qu'il va diffuser un bulletin météorologique spécial (BMS) en précisant le canal de diffusion — canal 79, par exemple — pour libérer le fréquence de détresse, celle-ci devant être utilisée de la façon la plus brève possible au cas où un autre navire devrait signaler un problème.
Le BMS ou bulletin météorologique spécial, est une informations éditée et mise à jour à chaque fois que les conditions météo sont jugées sérieuses.

En alerte également, surtout par mauvais temps, on trouve l'Abeille Bourbon. C'est un RIAS, acronyme de Remorqueur d'Intervention, d'Assistance et de Sauvetage, basé à Brest et l'un des navire emblématique de la ville par ailleurs.
Ce remorqueur est un monstre de puissance, avec presque 22000 chevaux, il est l'un des remorqueurs les pluis puissant au monde. Et il est prêt à intervenir rapidement sur demande du CROSS.

Dans la situations où un mauvais temps devait arriver, le remorqueur prendrait alors la direction de la commune de Camaret-sur-Mer, et se mettrait au mouillage dans l'anse du même nom, afin de se rapprocher et d'être à même d'agir plus rapidement si un appel de détresse était reçu.

Dans le cas où le temps se dégraderait davantage, alors c'est le cap sur Ouessant et la baie du Stiff, pour être au plus prés du DST, là où un problème est le plus susceptible d'arriver, faisant encore gagner de précieuses minutes à ce remorquer en cas d'intervention.